Deux exemples inspirants
Avant de t’aider dans l’accueil et l’inclusion d’un.e jeune migrant.e au sein de ta section ou de ton unité, on te partage deux exemples inspirants réalisés à Chimay et à Aywaille :
Ils l'ont fait !
Sergueï, jeune Ukrainien de 16 ans, découvre le scoutisme à Chimay.
Aywaille : un camp scout au sein de la Croix-Rouge.
Bien se préparer avant l’accueil
Des migrant·es souhaitent intégrer ton, unité ? Avant toute chose, discutes-en en conseil d’unité. Assure-toi de recueillir l’approbation des personnes impactées par le projet. Si ce n’est pas le cas, envisagez des aménagements pour que la situation convienne à tout le monde.
Une fois le projet validé, réfléchissez ensemble à ce qui est réaliste pour vous en termes d’inclusion : sur quoi êtes-vous capables de vous adapter ? Qu’est-ce qui reste indispensable pour le bon fonctionnement du groupe ?
Identifiez les règles pour lesquelles vous pourriez faire une exception ou chercher une solution.
Assure-toi également d’être en lien avec les adultes qui accompagnent le ou la jeune migrant·e (parents, tuteurs, éducateurs ou éducatrices du centre d’accueil…). Ils pourront t’éclairer sur :
- le contexte du/la jeune ;
- son niveau de langue ;
- ses besoins particuliers (horaires, alimentation, santé, pratiques religieuses…).
Pas besoin d’en savoir trop : l’objectif n’est pas de « tout comprendre », mais de pouvoir accueillir avec justesse.
Enfin, pense aux aspects pratiques :
- trouver ou prêter un uniforme, un foulard ;
- discuter du financement (cotisation de solidarité, caisse d’unité, soutien local, etc.) ;
- prévoir comment accompagner le ou la jeune lors des premiers temps (déplacements, matériel, repères dans le local).
Ces préparatifs permettent de rendre la rencontre simple et fluide, et de créer dès le départ un environnement sécurisant et accueillant pour tout le monde.
FAQ
Faut-il inscrire les migrant·es dans la branche qui correspond à leur âge ?
L’idéal est que tous les enfants soient inscrits dans la branche qui correspond à leur tranche d’âge. Si les jeunes viennent d’arriver dans le pays, cela peut sembler moins évident. Renseigne-toi sur l’année dans laquelle ils sont à l’école et discutez avec la famille pour choisir la meilleure option pour le jeune.
Que faire si des parents de la section s’opposent à l’accueil d’enfants en cours de procédure d’asile ?
Si certains parents s’opposent à l’accueil d’enfants migrants, commence par discuter en staff de la manière dont vous souhaitez gérer la communication. Informer les parents à l’avance peut être une option, mais ce n’est pas une obligation. En revanche, si des questions ou des réticences apparaissent, prenez le temps d’ouvrir le dialogue : écoutez les craintes, identifiez les obstacles, et expliquez clairement les raisons de votre choix. La décision, une fois prise, ne se remet pas en débat. Vous exposez les faits et les arguments qui vous ont guidés. Il est utile d’anticiper les questions pratiques que les parents pourraient avoir (matériel, langue, finances…) et de préparer des réponses simples et rassurantes.
Comment gérer l’inscription dans Desk ?
Comme pour tout nouveau membre, pour la première réunion il n’y a rien à faire. Ensuite, il suffit d’encoder le membre dans Desk en t’assurant de l’adresse légale du jeune.
Que faire en cas de difficultés financières ?
Chaque jeune doit pouvoir vivre pleinement le scoutisme, quelle que soit sa situation financière.
- La solidarité dans l’unité : certaines unités peuvent s’organiser pour soutenir un membre en difficulté.
- La cotisation de solidarité : si la solidarité interne ne suffit pas, la fédération propose une cotisation réduite.
- La Participation Aux Frais (PAF) de solidarité : la fédération peut également intervenir pour alléger les frais liés aux camps, weekends ou hikes.
Qu’en est-il des jeunes sans-papiers ?
En dehors de toute considération politique sur l’asile et la migration, les scouts ne veulent laisser aucun enfant ou adolescent qui se trouve dans une situation fragile ou d’urgence sur le bord du chemin. Il convient donc de les inscrire dans Desk afin qu’ils puissent être assurés comme tout autre jeune.
Toutefois, il est important de savoir que ces jeunes n’ont pas de carte ISI+ mais qu’ils ont malgré tout droit à une assistance médicale urgente. Ils doivent dès lors se procurer une attestation « assistance médicale urgente » via le CPAS de la commune où ils résident.
Accompagner et inclure pendant l'année
Accompagner, c’est cheminer avec. L’essentiel est d’avancer ensemble. Au fil de l’année, vous trouverez les réponses et les ajustements nécessaires pour que chacun·e se sente bien dans l’unité.
Prendre en compte les différences culturelles
Chaque jeune arrive avec son histoire, sa culture et ses repères. Les traditions, les habitudes ou les manières de vivre peuvent parfois différer, mais elles sont surtout une richesse pour le groupe.
Prends le temps d’expliquer les coutumes et le fonctionnement de ta section, et intéresse-toi à celles des jeunes que tu accueilles. En posant des questions, en observant et en restant ouvert, tu favoriseras la compréhension mutuelle et la confiance. Un petit mot, un moment d’échange ou une attention suffisent souvent à lever les malentendus.
Créer du lien au-delà des mots
La langue n’est jamais un obstacle insurmontable. Beaucoup de jeunes migrant·es apprennent rapidement le français (notamment à l’école), et la communication passe aussi par les gestes, les jeux, les rires ou les regards.
N’hésite pas à utiliser d’autres moyens de communication tels que le dessin, le mime, une chanson, ou encore une application de traduction ou même ou même un jeune bilingue du groupe si besoin. L’essentiel, c’est de rester ouvert, bienveillant et de montrer qu’on a envie d’être ensemble et de partager un moment authentique, même sans parler la même langue.
FAQ
Un·e demandeur ou demandeuse d’asile ou un·e réfugié·e peut-il animer ?
Oui, toute personne peut s’engager comme volontaire. Leur expérience de l’exil, leur sens de l’entraide ou leur langue maternelle peuvent devenir de vrais atouts pour le groupe.
Veille toutefois à prendre en compte les éventuelles différences culturelles, et cherchez ensemble des solutions aux difficultés qui pourraient se présenter. N’hésite pas non plus à lui demander s’il ou elle connait le scoutisme dans son pays d’origine : dans beaucoup de pays, il est organisé différemment d’ici. Il est donc important de clarifier les attentes de part et d’autre.
Peut-on publier des photos d’enfants migrants ?
Comme pour tous les autres membres, il est essentiel de demander l’autorisation aux parents ou responsables légaux avant toute publication. Prends le temps d’expliquer clairement où les photos seront diffusées, qui pourra les voir, et dans quel cadre elles seront utilisées. C’est aussi une bonne occasion de leur montrer le site internet de votre unité : ils y trouveront des informations utiles et pourront découvrir l’ambiance du groupe.
Que faire si un·e journaliste souhaite venir pour faire un article sur les jeunes migrant·es ?
Si un·e journaliste vous contacte pour faire un article sur les enfants réfugiés ou demandeurs d’asile dans votre groupe, restez vigilant·es. La situation de ces enfants peut être sensible, et eux ou leur famille n’ont peut-être pas envie d’être exposés dans les médias. Ne donnez pas de données personnelles, évitez de raconter des histoires précises, et choisissez ensemble ce que vous êtes prêts à partager. Si besoin, contactez le siège de la fédération pour du soutien.
Comment gérer un départ en camp ?
En camp, ces enfants sont des enfants comme les autres, avec une histoire particulière. Prends en compte cette expérience de vie sans les stigmatiser. Informe bien les parents ou les adultes encadrants et les enfants du déroulement du camp :
- Dites-leur que vous avez l’habitude, que tout se passe bien, et soyez disponibles pour répondre à leurs doutes ou incertitudes.
- Présentez-leur les règles du camp, parcourez ensemble la liste du matériel et voyez ensemble ce que chacun peut prévoir.
- La veille du départ, contactez les parents pour refaire le point sur ce qu’il faut emporter et les modalités du départ. Vérifiez aussi qu’ils pourront se rendre au lieu de rendez-vous. Si ce n’est pas le cas, voyez si un animateur ou un autre parent peut les aider, en les prévenant.
- Mettez-vous d’accord sur la manière dont les parents peuvent rester en contact avec vous pendant le camp : qui appellent-ils, quand, comment. Gardez à l’esprit qu’une séparation de plusieurs jours peut être plus difficile à vivre pour eux. Dès le début du camp, proposez aux enfants d’envoyer une carte à la maison : cela fait toujours plaisir aux parents.
- Si le groupe est mixte, expliquez-le clairement. Ce n’est pas anodin dans toutes les cultures.
- Soyez attentifs à l’organisation du sommeil, des douches, aux gestes affectueux entre enfants et animateurs (comme le bisou du soir, qui peut être perçu différemment). Après le camp, prenez le temps de passer voir les familles pour leur demander comment cela s’est passé pour eux.
Est-ce qu’un demandeur d’asile peut partir en camp à l’étranger ?
En théorie, il est possible de quitter le territoire avec une autorisation parentale (disponible en ligne ou auprès de la commune). Toutefois, plusieurs organisations, comme la Plateforme Mineurs en Exil ou l’ASBL Droits Quotidiens, déconseillent fortement ce type de voyage si le jeune n’a pas encore reçu sa carte de séjour.
Le principal risque ne concerne pas le départ, mais le retour en Belgique : selon les documents exigés par les pays traversés, le jeune pourrait ne pas être autorisé à rentrer. Cela rend le départ à l’étranger trop incertain et risqué tant que le séjour du jeune n’est pas régularisé.
Si le camp prévu est à l’étranger, vois s’il est possible pour le jeune de participer à un autre camp de l’unité qui se déroule en Belgique. Cela permet de vivre pleinement le camp, sans prendre de risque administratif ou juridique.
Que faire si les enfants doivent partir ou si le statut de réfugié est refusé ?
Il arrive que des enfants en demande d’asile doivent déménager vers une autre commune. Tu peux les accompagner dans la recherche d’une nouvelle unité près de leur futur logement.
Si la demande d’asile est rejetée, la famille peut introduire un recours. Tant que cette procédure est en cours, rien ne change.
Si aucun recours n’est introduit ou s’il est rejeté, la famille devra quitter le pays. Dans ce cas, il est important d’expliquer la situation au groupe et de prévenir la fédération (par téléphone).
Quelles ressources en cas de besoin ?
N’hésite pas à prendre contact avec des personnes ou des organisations de ton entourage qui ont de l’expérience dans ce domaine. Votre équipe fédérale ou le siège de la fédération sont également disponibles pour vous conseiller.
Ressources pour te soutenir
Outils Les Scouts
En conseil d’unité
- Diversi’Tool – Inclusivité dans ton unité
Le jeu Diversi’Tool (Scouts) permet au Conseil d’unité de réfléchir aux pratiques d’inclusion dans le groupe : comment rendre l’unité plus accueillante, identifier les besoins, discuter des différences. - Kit TU Bienêtre et sécurité
Il s’agit d’un kit très utile pour garantir non seulement la sécurité physique mais aussi émotionnelle. Il propose des activités, des cartes de discussion, des outils pour soutenir l’expression des émotions, gérer les conflits, etc. - Kit TU Ouverture à tous : demandeurs d’asile et réfugié·es
Être conscient·e de l’importance de l’accueil de tous chez Les Scouts. Encourager l’accueil ou le partage d’activités avec des réfugié·es au sein d’une section ou de l’unité. Réfléchir à des pistes concrètes pour adapter son animation à toutes et tous, dans le cadre de l’accueil de réfugié·es. - Page “Scout place, Safe place”
La page “Scout place, Safe place” (Les Scouts) donne des conseils concrets pour instaurer un cadre bienveillant, créer des “espaces oasis” (pour se poser, s’isoler si besoin), établir une charte du vivre-ensemble. - Agir autour des migrations : mindmap reprenant des pistes d’action, avec ou sans accompagnement de la fédération.
Outils d'autres associations
- UTOPIA – Intercultural Dialogue Guide
Un guide pratique pour animateurs et animatrices : plus de 40 activités pour favoriser le dialogue interculturel, l’empathie et l’inclusion entre jeunes locaux et réfugié·es. Très utile pour construire des ateliers ou des animations structurées. - All United for Refugees – Inclusion Guidelines
Un document de SALTO-Youth qui offre des orientations pour un soutien inclusif aux réfugié·es en Europe : bonnes pratiques, recommandations, idées pour projets jeunesse. - Scouts & Guides – WOSM / WAGGGS
Sur le site de l’Organisation mondiale du Mouvement scout (OMMS), des exemples de projets scouts à travers l’Europe autour de l’accueil de réfugié·es : inspirant pour s’appuyer sur des initiatives scoutes déjà existantes. - Scouts et Guides de France – un témoignage inspirant de l’accueil de jeunes migrants lors d’un camp scout.