Utilité d’une charte
- Établir collectivement des règles de vie et les rendre connues de tous.
- Améliorer la qualité des relations dans un groupe.
- Régler des conflits.
- Améliorer la dynamique du groupe.
Objectifs
- Découvrir les besoins qui se cachent derrière nos émotions et les formuler au reste du groupe.
- Prendre conscience de sa responsabilité à respecter les besoins des autres et s’engager librement à le faire.
Déroulé
Résumé des étapes
- Poser l’intention
- Se connecter à ses émotions (facultatif)
- Identifier ses besoins (facultatif)
- Transformer les besoins en règles pour se respecter les uns les autres
- Formuler sa demande et proposer une règle au reste du groupe
- Conséquences et réparation
- Adopter et signer la charte
Étape 1 : poser l’intention
- Expliciter aux participants, le plus clairement possible, avec transparence et bienveillance si nécessaire, quel est l’objet de la charte et si elle a une limitation dans le temps.
- Est-ce que cette charte arrive en réaction à des attitudes ou des faits le nécessitant ? > si oui, il est alors important de les énoncer. Si c’est juste pour favoriser une vie en groupe de qualité, le mentionner aussi.
- Est-ce que c’est une charte pour toute l’année, seulement pour un WE, pour le camp, pour l’année et le camp, pour… ? > penser à stipuler par écrit la durée de validité sur la charte si elle en a une. Sinon, ne pas hésiter à mentionner sur la charte qu’elle est valable en tout temps.
Étape 2 : se connecter à ses émotions (facultatif)
- Inviter les participant-es à s’assoir en cercle dans une position agréable.
- Distribuer une feuille blanche à chacun-e (pour les enfants : leur distribuer une feuille A4 avec une silhouette d’enfant représentée).
- D’une voix calme, leur suggérer de se détendre, en passant en revue les principales parties du corps : « Maintenant, le calme envahit votre corps petit à petit en commençant par la tête, puis le cou, les bras, les mains, chacun de vos doigts, la poitrine, le ventre, les cuisses, les genoux, les pieds, chacun de vos orteils ».
- Proposer de fermer les yeux ou de fixer un point au sol.
- Leur demander d’explorer ce qui se passe en eux à ce moment précis :
- Dans leur corps : « Est-ce que je me sens fatigué-e ? Énervé-e ? Plein-e d’énergie ? »
- Dans leur cœur : « Est-ce que je me sens agacé-e ? Préoccupé-e ? Joyeux-se ? Triste ? »
- Dans leur tête : « Quelles pensées s’agitent ? Est-ce calme ? Tranquille ? Agité ? En ordre ou en désordre ? »
- Les participant-es notent leurs réponses sur leur feuille (les enfants notent dans la partie correspondante de la silhouette : corps, cœur, tête).
- Inviter celles et ceux qui le souhaitent à partager avec le groupe leur ressenti.
- Alternative : utiliser un jeu de cartes des émotions. Inviter chaque participant à choisir une carte qui représente l'émotion du moment et la partager au reste du groupe.
Étape 3 : identifier ses besoins (facultatif)
- Distribuer aux participant-es les bandes de papier et les feutres.
- Leur demander de reprendre la position agréable, les yeux fermés ou fixés sur le sol.
- D’une voix douce, les inviter à passer en revue les dernières activités vécues avec le groupe.
- Poser, dans l’ordre, les trois questions suivantes en laissant du temps aux participant-es pour y répondre posément :
- « À quels moments me suis-je senti-e bien, c’est-à-dire calme, tranquille, détendu-e et en confiance ? »
- « Y a-t-il eu des moments où je me suis senti-e moins bien, c’est-à-dire dérangé-e, agacé-e, énervé-e ou contrarié-e ? »
- « Dans ces moments où je me suis senti-e moins bien, de quoi aurais-je eu besoin pour me sentir mieux ? »
Mettre à disposition un support pour aider les participants à identifier leur besoin, soit une liste, soit un jeu de cartes.
- Chaque participant-e note, sur son papier, ses réponses aux trois questions.
- Chaque participant-e, si elle ou il le souhaite, partage avec les autres ses bons et moins bons moments, ainsi que les besoins découverts.
Étape 4 : transformer les besoins en règles pour se respecter les uns les autres
- Chacun s’installe, au calme.
- Demander à chaque personne d’écrire, sur son papier, sa réponse à la question : « Que dois-je faire pour me sentir bien et pour que les autres se sentent à l’aise dans notre groupe ? »
- Encourager les participant-es à prendre leur temps. (Pour les plus jeunes : préciser qu’on peut faire des fautes d’orthographe). Insister sur le fait qu’il est important que chacun-e écrive sa réponse.
- Pour les plus jeunes : répéter la question de temps en temps.
- Demander aux participant-es d’inscrire leur nom sur leur papier.
- Si le groupe est très important, ne pas hésiter à le subdiviser en petits groupes. Selon les besoins, on peut imaginer différentes compositions : aléatoire, tranches d’âge, groupes mixtes, sizaines, patrouilles…).
Étape 5 : formuler sa demande et proposer une règle au reste du groupe
- Les animateurs du dispositif rassemblent les papiers, trient et communiquent aux participants tout ce qui a été écrit. Après, ils engagent le débat :
- « Êtes-vous d’accord avec ce que vous avez entendu ? » (Pour faciliter le débat, on peut recourir à des petits papiers de deux couleurs, dont l’une signifie « oui » et l’autre « non »).
- « Voyez-vous d’autres choses à ajouter ? »
- Les animateurs du dispositif prennent note des nouvelles idées et, à la fin du débat, reprennent toutes les bandes de papier.
Étape 6 : conséquences éducatives et réparation
- Informer le groupe qu’en cas de non respect des règles de vie établies par la charte, des conséquences auront lieu et des réparations seront exigées des contrevenants.
- Chez les scouts, les conséquences doivent être éducatives et, dans tous les cas, permettre une réparation par rapport à ce qui a été commis !
Exemple : en insultant un autre scout (non-respect des règles de la charte), le premier nuit au respect du second. Lui proposer de reconnaitre trois qualités chez le scout offensé (conséquence éducative), afin de le revaloriser (réparation). - Puisqu’elles doivent être en lien et proportionnelles aux fautes commises, les conséquences et réparations ne peuvent être clairement établies au moment de la construction de la charte.
- Par contre, ce qui peut et doit être bien clair chez les scouts, c’est que s’ils venaient à déroger aux règles établies cela ne serait pas sans conséquences et que le groupe sera alors parfaitement en droit d’exiger d’eux des réparations.
- Stipuler cela noir sur blanc dans la charte limite le besoin de recourir à des conséquences et réparations, mais facilite leur mise en place si, malgré tout, cela s’avérait nécessaire. Les scouts sont en effet plus enclins à accepter les conséquences lorsque le cadre est clair.
Étape 7 : adopter et signer la charte
- Les animateurs du dispositif présentent un grand panneau sur lequel ils auront préalablement retranscrit les règles (rédigées en « je ») proposées par les participants, y compris les ajouts et modifications apportées par le débat.
- Trois règles doivent toujours apparaitre sur une charte de vie en groupe (car liées aux Droits de l’enfant). Elles peuvent évidemment être réécrites avec les scouts en d’autres mots, c'est surtout l’idée qu’elles expriment qui est important à expliciter :
- Je respecte mon corps, mes possibilités et mes limites
- Je respecte le corps de l’autre
- Je respecte la relation avec l’autre
- Les autres règles sont laissées à la liberté du groupe.
- Stipuler que tout non-respect aura des conséquences et exigera réparations de la part des contrevenants.
- Tous les participants sont invités à relire la charte.
- Chacun à son tour vient la signer en disant : « Moi, (prénom/totem), je signe parce que je suis d’accord ».
- On décore la charte, pour qu’elle soit jolie.
- La charte est affichée à un endroit accessible à tous et toutes.
Note : avec des ados, il est possible et intéressant de les inviter à rédiger leur propre charte de patrouille ou de cordée. Dans ce cas, un animateur, les accompagne dans le processus et les guide pour arriver vers une charte convenant à l’ensemble du petit groupe.
(D’après : Apprendre aux enfants à gérer attention et émotions. En groupe, avec la méthode Vittoz, Francine Castelle-Marie, Chronique Sociale, Lyon, 2014).
Matériel
- Les cartes Émotions et Besoins pour les étapes facultatives 2 et 3
- Un bâton de parole (pour les plus jeunes)
- Des bandes de papier
- Des feutres de couleur
- Autant de feuilles A4 que de participant-es (pour les plus jeunes : avec une silhouette d’enfant que l’on peut annoter)
- Des petits papiers de deux couleurs différentes pour voter « oui » et « non » lors du débat (facultatif)
- De la musique douce (facultatif)
Variante
L’étape 7 peut être réalisée un autre jour que celui consacré aux étapes 1 à 6.